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Psychiatres.           

 

1- Pierre SABOURIN  Psychiatre

2- Catherine BONNET  Pédo Psychiatre  Inceste

Source Femme actuelle

Pierre SABOURIN, psychiatre*

 « Le Conseil de l'Ordre des médecins a douté de mon intégrité ».
                                                 
« A six reprises, depuis 1998, j'ai comparu devant le Conseil de l'Ordre des médecins pour avoir rédigé « des certificats de présomption d'abus sexuels » soi-disant mensongers et calomnieux.
                
A la clé, plusieurs blâmes et des mois d'interdiction d'exercice. Or, les enfants que mon équipe et moi soignons sont souvent victimes de viols dans leur famille. Ces viols ne laissent pas toujours de blessures physiques (dans les cas de fellations par exemple) mais des symptômes psychiques et psychosomatiques graves.
                         
Ce qui nécessite un diagnostic plus complexe qu'un simple constat de coups et blessures, d'autant que les très jeunes enfants ou les plus fragiles ne peuvent pas toujours dirent ce qu'ils   ont subi avec des mots.
                                                             
En matière d'inceste, on préfère croire que tout n'est que fantasme.
                                               
Or, cette part déterminante du diagnostic est trop souvent niée. Peut-être parce que ce sont généralement des internistes, des chirurgiens ou des cancérologues qui composent les commissions qui nous jugent.
                     
Leur incompétence à reconnaître cette réalité intangible les a même conduits à me demander combien j'avais touché de la part de femmes manipulatrices ! Or, rédiger un certificat de maltraitance, c'est rapporter les propos d'un enfant dès lors qu'ils sont crédibles et en lien avec ses symptôme.
                    
Et au vu des ennuis et des condamnations, il faut que je sois sûr que l'enfant est en danger avant d'alerter les autorités judiciaires. Il est parfois vital de renoncer à une vision sacro-sainte de la famille. Car rien n'est sacré pour les pédo-criminel, qui ne ressentent généralement ni honte ni culpabilité.
                         
Leur ligne de défense est très bien organisée : non seulement ils nient les actes, mais ils accusent le parent protecteur de manipuler l'enfant ou de croire à ses fantasmes. Or, des années de pratique m'ont appris qu'en matière d'inceste, les symptômes des patients proviennent d'évènements vécus et non de fantasmes.
                                            
Médicalement indispensable, ce combat doit se poursuivre.
                                                       
Mais en l'absence de preuves physiques et devant les dénégations persuasives d'individus manipulateurs, des non-lieux sont souvent prononcés. Ces individus se retournent ensuite contre nous en portant plainte devant le Conseil de l'Ordre.
Pourtant, ce combat médicalement indispensable doit continuer, pour que soit entendue la parole des enfants plutôt que les mensonges de certains adultes aux allures si respectables. »
                                                    
*Co-fondateur du Centre des Buttes-Chaumont et auteur de La violence impensable, éd. Nathan
                          
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Source Femme actuelle.
                 
Catherine BONNET, Pédo-psychiatre*
                           
« Je continuerai à reconnaître la souffrance des enfants »
                         
« En décembre 1998, le Conseil départemental de l'Ordre des médecins me condamnait à 9 ans et un mois d'interdiction d'exercice, car trois pères et une mère, présumés agresseurs, avaient porté plainte, m'accusant de certificats complaisants, mensongers ou de dénonciations calomnieuses, alors que mes diagnostics de présomptions d'abus sexuels avaient été confirmés par des collègues hospitaliers.
                           
D'ailleurs, peu après, le Conseil national a annulé l'une de mes condamnations et réduit trois autres à 15 jours d'interdiction d'exercice et à un blâme. Mais, devenue un monstre qui aurait cherché à priver ces parents de leurs enfants, j'ai perdu ma clientèle. Pire : les enfants que je suivais ont subi de nouvelles agressions.
                               
Et l'affaire ne s'arrête pas là puisque six nouvelles plaintes sont en cours contre moi. Jamais mon travail ne m'a exposée à une telle vindict de la part de mes "pairs". Mon combat contre la souffrance psychique des enfants ne date pourtant pas d'hier.
                              
C'est en 1983 que j'ai pris conscience de la réalité de l'inceste, lorsque mes collègues m'ont adressé des adultes que des années de thérapie n'avaient pu guérir de leurs blessures. La majorité d'entre eux avaient subi, pendant l'enfance ou l'adolescence, des violences physiques, psychiques ou sexuelles.
                                                   
Des blessures que des années de thérapie ne peuvent guérir.
                                                      
J'ai constaté qu'ils avaient en commun de ne jamais s'être sentis reconnus en tant que victimes par leurs thérapeutes. Puis, au fil des années, le tabou de l'inceste s'est levé. Les patients que m'adressaient mes collègues étaient de plus en plus jeunes, de quelques mois à 7 ans.
 
Lorsqu'un lien de confiance était établi, ils pouvaient sortir du silence et, au travers de jeux, de dessins, me confier les violences verbales qui accompagnent souvent les violences sexuelles. Soumis au chantage, culpabilisés, certains me disaient même « j'ai fait des bêtises ».
                           
Dans l'inceste, cette manipulation mentale inverse la culpabilité et peut retarder le moment de la révélation des faits. Mais les petites victimes développent des changements de comportements qui, souvent, alertent l'autre parent. Celui-ci consulte alors son généraliste qui m'envoie l'enfant. Dans 90% des cas, je peux établir un diagnostic à partir de leur examen psychique.
 
Quand j'en ai la conviction, et comme l'autorise l'article 226-14 du Code pénal, j'adresse un signalement aux autorités judiciaires. Mais les agressions sexuelles chez les enfants de moins de 9 ans laissent rarement des traces génitales.
                  
S'agissant le plus souvent de pénétrations avec le doigt, les séquelles de ces traumatismes sont des " bleus psychiques ", que la justice et le Conseil de l'Ordre ne reconnaissent pas. Je continuerai, pour ma part, à écouter les enfants et à reconnaître leur souffrance. »
                
* Auteur de L'enfant cassé, éd. Albin Michel