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Vera TCHEREMISSINOFF.... Deux fois Victimes d'Enlèvement Parental                                          

 

 Vera TCHEREMISSINOFF RACONTE LE VECU DE SON RAPT ET DU RAPT DE SA FILLE            

                                  
Je suis la maman de Yasmina A. et je suis psychopédagogue. Je pense que je n'ai pas choisi ce métier pour rien, mais bien parce que j'avais vécu des évènements douloureux et que je voulais, d'une part les comprendre et d'autre part faire ce que je pouvais pour soulager des personnes jeunes ou moins jeunes, et même si possible, par un engagement au niveau d'associations, contribuer à ce que cela ne se répète pas pour d'autres.
                                           
C'est pour cela que je veux ajouter mon témoignage à celui, très courageux de ma fille.
                                                
Aussi incroyable que cela puisse paraître, j'ai vécu l'enlèvement et l'aliénation des deux points de vue. C'est à dire celui de l'enfant, puisque j'ai été enlevée à ma mère, et du point de vue du parent puisqu'on m'a enlevé ma fille. Je vais donc m'exprimer sur ces deux "évènements" de ma vie.
                                         
Tout d'abord du point de vue de l'enfant que j'étais quand, à l'âge d'une année et 3 mois (Ma petite sœur, enlevée avec moi avait 3 mois!) mes parents ont divorcé et mon père nous a emmenées dans le sud de la France. Vu mon âge, je n'ai aucun souvenir précis de ce moment. On nous a fait croire que la deuxième femme de mon père était notre maman et je l'ai intégré comme tel.
                          
Aucun souvenir, mais au fond de moi une espèce de grand trou noir, paniquant, un vide, comme une certitude de menace de mort qui m'accompagnera presque toute ma vie. Pendant 10 ans je n'ai jamais vu ma vraie mère. A 10 ans on m'a dit la vérité .Ma mère avait obtenu un droit de visite d'un après-midi par mois, il fallait donc bien que je la voie. Mais on m'avait prévenu contre elle, me disant qu'elle était folle. Ma maman n'était donc plus ma maman, et de plus j'étais la fille d'une folle.
                                   
Je ne raconterai pas tout sur ce bouleversement profond de ma vie d'enfant, et sur les affres d'une reconstruction chaotique, mais je dirai surtout ceci : oui, bien sûr, l'enfant développe un scénario de survie, bien sûr il ne formule pas ce qu'il vit, n'en parle pas, ne le montre pas, il peut même rire et jouer (la fameuse résilience), mais au fond de lui se prépare tout ce qui lui permettra ou non d'établir des relations de vie.
                       
Moi, c'était la mort qui m'obsédait. Tout le monde, et surtout ceux que j'aimais, m'avaient menti donc je ne pouvais m'accrocher à rien qui fut fiable. Tout ce que je voulais c'est en finir avec ces loyautés impossibles (d'autant plus que chacun me disait du mal de l'autre et pratiquait le chantage affectif), je voulais tout simplement mourir. J'ai fait, à l'adolescence plusieurs tentatives de suicide, dont l'une très sérieuse.
                          
J'ai fait aussi tout au long de ma vie de nombreuses dépressions qui ont nécessité des hospitalisations. Et qui étais-je pour ma famille? "Celle qui crée des problèmes." Personne ne s'est remis en cause.
                 
Devenir folle ou mourir étaient mes deux horizons. Heureusement je n'en suis plus là grâce à un énorme et long travail sur moi-même avec l'aide de psychiatres auxquels je suis infiniment reconnaissante.
                   
Je crie "au secours" pour Elise. N'est-elle pas déjà irrémédiablement meurtrie? Avec ce père qui en fait sa chose, et a un tel évident mépris pour la mère? L'aliénation est en marche, le temps presse!
                    
Le point de vue de la mère? Je l'ai vécu aussi. J'ai eu mon premier enfant à 20 ans. J'avais depuis plusieurs années quitté ma "famille" et je rêvais d'en recréer une toute à moi.
                          
Hélas, confronté à la réalité quotidienne, le bel amour devint désillusion. Sans aucune aide, j'avais le sentiment d'être absolument seule, abandonnée avec mon enfant. Je fis ce que beaucoup de femmes font, et qui est heureusement aujourd'hui mieux reconnu, une dépression post partum.
                            
Ma famille ne m'aida pas du tout, au contraire. Une fois de plus j'étais celle qui ne fait rien de bien. Ma mère me critiquait sans cesse et je finis par sombrer vraiment et à être une fois de plus hospitalisée.
                                 
Je demandais le divorce pensant m'en tirer mieux ainsi. Je dus me résigner à mettre ma fille chez une maman de jour et décidai de quitter la Suisse. Je partis pour Rome, seule, dans le but de trouver un appartement et du travail et de revenir chercher ma fille.
                          
Une facture de la garderie arriva chez ma mère. Celle-ci, au lieu de la payer et de prendre de temps en temps ma fille chez elle, envoya cette facture à son père en Algérie. Celui-ci revint et se décida à enlever Yasmina en Algérie.
                                
Je ne raconterai encore une fois pas toutes les démarches que je fis, comme une folle, courant d'un organisme à un autre, des autorités suisses aux autorités algériennes, jusqu'au Président de la République. Mais je parlerai de mon état intérieur.
                                
J'étais vraiment comme folle, parce que j'avais cette connaissance aigüe qu'a toute mère que plus les jours passaient plus l'éloignement et l'aliénation s'installaient et que ce serait de plus en plus difficile de renouer le lien.
                                
De plus j'imaginais mon enfant, déracinée, perdue dans ses repères, me cherchant ou cherchant les visages auxquels elle était habituée. Cela me transperçait le cœur. J'en vins à suivre dans la rue les petites filles qui lui ressemblaient.
                                    
Je la revis brièvement 3ans plus tard, grâce à un cousin qui avait eu pitié de nous. Puis plusieurs fois je me rendis en Algérie pour la voir des fois 10 minutes, toute pétrifiée et terrorisée face à moi. Je constatais les dégâts.
                                   
Je n'y pouvais rien changer pour elle. Puis, après avoir été en justice, j'obtins un droit de visite. Je pus la voir un peu plus longtemps, sous surveillance, sans passeport qu'on me retirait à l'entrés sur territoire algérien. Puis….elle a eu 18 ans et enfin, un membre de ma famille (le deuxième mari de ma mère) proposa de m'accompagner et nous négociâmes avec son père des vacances en Suisse.
                              
Puis, l'année suivante elle a décidé de venir y vivre. Tout n'était pas fini pour autant, car le lien entre nous avait été sérieusement ébranlé. Il nous fallu des années pour nous reconnaître et c'est surtout autour de ses enfants que nous nous sommes vraiment retrouvées.
                                 
Combien de blessures, combien d'efforts pour tout simplement vivre! C'est profondément injuste! Il faut que ce genre de situation cesse au nom des enfants!
               
Et le rôle du père? Il est éminemment important, mais il est DIFFERENT, quand l'acceptera-t-on enfin? Il est en tous cas à l'opposé que celui de dénigrer la mère…
                              
En tant que père, celui d'Elise me paraît tout à fait SUSPECT : au vu de ses mails et de son comportement, il fait preuve d'un sadisme à peine déguisé. Pauvre Elise! Le risque est qu'il va la parentaliser, car il est évidemment un homme peu mûr (malgré son âge).
                         
Il serait utile d'analyser les relations qu'entretient ce père avec sa propre mère. Les grands parents peuvent autant jouer un rôle positif que quelque fois extrêmement négatif. La grand mère paternelle appréciait-elle la maman d'Elise? On peut se poser la question….
                               
L'enfant a besoin, surtout quand il est très jeune, au sens le plus vital, animal, de se voir dans le regard de sa mère. Et entre eux le père joue un rôle à la fois liant et séparant, un rôle essentiel. Hélas parfois cela ne se joue pas ainsi et les liens parentaux sont brisés. Mais en aucun cas il ne faut laisser à l'un des deux parents le droit de décider si l'autre est "digne" de créer des liens avec son enfant.
                                
Peut-être ce lien ne sera pas idéal, mais les choses se règleront APRES, entre l'enfant et ses parents.
                                 
Pour le moment Elise a besoin de faire vivre les liens avec sa maman, et ce que nous voyons, c'est que le père la retient en otage. C'est inacceptable!
                       
Toute société juste, avec le degré de connaissance que nous avons de la psychologie, particulièrement infantile, NE PEUT ACCEPTER une situation comme celle-ci.
                             
Continuons d'intervenir, il le faut. Continuons à nous battre pour Elise, et Bravo au magnifique travail de Stop Violence!
                      

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